jeudi 17 janvier 2008

Alkaholiks

Au moins 10 raisons d’être down avec ce reportage
1 Parce que les Lixs sont bien + que les " black Beastie Boys "

2 Parce que Tash est bien + que le " Redman de la Côte Ouest "

3 Parce qu’Egotrip les a classé dans les 3 groupes les + sous-estimés de l’Histoire du Rap

4
Parce que personne ne peut teste les Lixs sur scène

5 Parce que le premier beat de Madlib est sur 21 & Over 

6 Parce que le premier rap de Xzibit est sur Coast II Coast 

7 Parce que King Tee, leur parrain du Likwit Crew, est LE fantôme de la côte Ouest

8 Parce que  Firewater  sera le dernier album de Tash, J-Ro et E-Swift en tant qu’Alkaholiks

9 Putain je sèche… (comme ta meuf)



GASFACE : Il paraît que t’apprends à J-Ro les secrets de la production en ce moment…
E-Swift : Ouais, ce n’est pas que je lui donne des leçons ou ce genre de trucs… En fait, on passe de plus en plus de temps ensemble en studio. Il observe, il essaie de son côté. J-Ro a déjà une oreille musicale à la base donc c’est pas trop difficile. Mais là, ça devient de plus en plus technique : en ce moment je lui fais essayer différents séquenceurs et diverses boîtes à rythme pour qu’il sache avec laquelle il est le plus à l’aise.
Et Tash ne suit pas tes "cours " ?
Tash n’a pas assez de patience. Ca l’emmerde sévère. Des fois on lui propose… mais il n’a jamais envie.
Tash : De toute façon la musique, je l’ai dans le sang, donc j’y viendrais tôt ou tard. Après le rap, sûrement. Je ne peux pas faire deux choses en même temps... Je vais rapper jusqu’à ce que ça me saoûle, et après je ne ferais plus que des beats, jusqu’à ma mort... Mais pour l’instant j’aime trop le rap.
Toi Swift, tu viens de Toledo…
Dans l’Ohio, ouais... Je ne suis pas né là-bas mais j’y ai passé toute mon adolescence.
Tash : Moi aussi je suis né dans l’Ohio, à Columbus, mais j’ai grandi en Caroline du Sud. Je suis arrivé à Los Angeles quand j’avais 7 ou 8 ans.

MaryJane / Make Room



Il paraît que Swift jouait de la batterie à l’époque. En parallèle avec la prod' Rap?
Non, j’avais déjà des beats dans ma tête, mais je n’avais pas l’équipement pour les concrétiser. Par contre j’étais déjà deejay à l’époque, et je jouais aussi de la batterie, ouais. Toledo était plutôt influencé Eastcoast, en fait... La ville avait déjà son propre son -qui n’avait rien à voir le son Midwest actuel-, mais on sentait beaucoup l’influence de New York.
Qu’est-ce qui t’as fait bouger à LA ?
Je suis venu en 1988 pour faire ma dernière année de lycée. Je faisais beaucoup de soirées en tant que deejay à l’époque, et je voyais pas mal de bons rappeurs. C’est eux qui m’ont donné envie de vraiment faire des beats. Assez vite, j’ai réussi à mettre la main sur un sampleur et je me suis lancé.
King Tee a été un peu le parrain des Alkaholiks...
Je l’ai rencontré pour la première fois par le biais de J-Ro. A l’époque DJ Alladin était le deejay de King Tee, ils s’apprêtaient à partir en tournée quand Alladin a eu un accident de voiture. Je l’ai remplacé au dernier moment et depuis ce jour je n’ai jamais cessé de bosser ensemble.
Il en est où King Tee en ce moment ?
Il va sortir un album solo -sur lequel on bosse ensemble-, et après on va tous se réunir pour faire un album du Likwit Crew. On n’arrête pas en ce moment.
Tu te définis souvent comme n’étant ni deejay, ni producteur, ni turntablist, mais " Scratchaholik "...
J’aime bien faire ce type de musique : prendre un son, le tordre, perturber une mélodie existante pour en obtenir une nouvelle. J’essaie d’être un artiste polyvalent. Beaucoup de gars ne font que scratcher et c’est tout : moi j’intègre ça à mes productions. C’est un atout dont je suis fier.
Ta rencontre avec J-Ro et Tash ?
On s’est capté par des amis qu’on avait en commun. A l’époque, beaucoup de rappeurs venaient chez moi vu que je mixais et que je faisais des beats. J-Ro et Tash sont ceux qui m’ont le plus emballé en terme de flow, de styles : ils écrasaient carrément la concurrence. On essayait tous plus ou moins de faire tourner nos démos pour choper un contrat, et au bout d’un moment je leur ai proposé qu’on fasse des disques ensemble, tous les trois.
Make Room  était le premier disque des Alkaholiks ?
Notre tout premier disque, c’était avec King Tee : « I Got It Bad », il y avait même eu un clip réalisé par F. Gary Gray -il n’était pas connu à l’époque-... Vous ne connaissez pas ? C’est le mec qui a réalisé Friday, Le Négociateur  et Braquage à l’Italienne ...

Avec King Tee I Got It Bad / Tash sur Body Rock avec Q-Tip & Mos Def


21 and Over , votre premier album, aurait été enregistré en deux semaines, c’est ça ?
Ouais. On avait vraiment la dalle et on adorait être en studio... et puis on avait rien d’autre à foutre (rires), alors bon, c’est pas vraiment un exploit...
Comment vous avez trouvé les thunes pour payer le studio ?
On était déjà en contrat avec Loud, ils nous ont prêté l’argent. Pareil pour notre premier maxi : c’est King Tee qui a avancé l’argent. Dans les deux cas ils ont récupéré leurs thunes très vite. C’est aussi grâce à ça que le groupe a duré tant d’années : on a toujours été réglo et les gens savent qu’ils peuvent miser sur nous.
Inspectah Deck a déclaré que Loud -votre ancien label et le sien- était un peu comme les L.A Clippers : ils ont eu beaucoup de premiers tours de draft (les meilleurs basketteurs universitaires) -Wu-Tang, Mobb Deep, Pete Rock, vous- et ils n’ont jamais su quoi en faire...
A l’époque il m’est certainement arrivé de me plaindre d’eux, mais avec le recul, je pense qu’ils ont fait du mieux qu’ils pouvaient. Pour les avoir côtoyé régulièrement, je ne pense pas qu’ils aient radiné sur les dépenses promotionnelles. Leur échec est sans doute dû à une mauvaise conjoncture et une succession de petites erreurs –comme de traîner trop entre deux singles-... Cela dit Loud avait une des meilleures street teams du pays. Et ils ont quand même accouché de grands groupes comme le Wu-Tang; ça on ne peut pas leur enlever...
T’as réguièrement bossé avec les brooklynites du Boot Camp Click: OGC, Heltah Skeltah...
C’est nos cousins de la côte Est, c’est les mêmes gars que nous. Ils aiment le même rap que nous. Quand je suis allé voir OGC, j’ai leur ai joué un ou deux beats et ils ont tout de suite accroché, c’était cool... En ce moment ils font des allers-retours à L.A et on se capte assez régulièrement. Je vais faire des beats pour leur prochain album... A la base, j’ai rencontré Buckshot de Blackmoon qui m’a ensuite présenté Dru Ha, puis Dru et moi on a fait connaissance. Dru gère tout le Duckdown avec Buckshot. Avec le temps on est vraiment devenu de bon amis. Je connais moins les autres gars mais ils sont à la cool... It’s all love.
C’est vrai cette histoire, selon laquelle t’aurais dépensé 5000 dollars pour un disque japonais ?
Je ne peux te lâcher le nom, les références, mais je peux dire que j’ai largement rentabilisé le prix de ce disque... (Rêveur) Ouais, j’en ai fait des dollars... En tout cas, ça illustre bien le fait que tu ne sais jamais sur quoi tu vas tomber quand tu cherches des disques. J’ai aussi fait des hits à partir d’albums à 1 dollar ou de disques trouvés dans une poubelle.
Le sample de Aww Shit ?
C’est le Fatback Band. En fait j’ai eu le disque par Steve Rifkind, le boss de Loud : c’est son père qui avait créé Spring Records, le label du Fatback Band.
Qui a dit « Large Pro, Diamond D et moi on a les mêmes disques, mais on s’en sert différemment » ?
C’est moi. On peut ajouter Primo à la liste. A deux reprises on a tous les deux sorti un disque avec le même sample : quand j’ai sorti Coast II Coast  sur la B.O de  Friday , Primo a sorti une instru pour Show & A.G avec le même sample, mais découpé de façon tout à fait différente.

Next Level / Only When I'm Drunk



En parlant de producteur balèze, c’est vous qui avez fait connaître Madlib et ses gars de Lootpack…
Tash : J’ai rencontré Cracker Jack (Wildchild) dans une boom. En 1991, je crois. Les mecs avaient branché un micro, et Jack... Laisse tomber, il dévastait tout le monde ! Il assurait grave, alors je suis allé le voir. Je lui ai parlé du groupe, je lui ai dit que je voulais qu’il pose avec nous sur un morceau. On n’était pas encore célèbres à l’époque, mais on avait un début de réputation à niveau local. Il avait déjà entendu parlé de nous et il m’a parlé de Lootpack, son groupe. Il a appelé ses potes et ils sont tous venus : Otis (Madlib), Kankick et les autres... On kiffait leur musique comme si c’était la nôtre, on a grave accroché ! In 91 it was all bubbles... La suite, vous la connaissez.
E-Swift : Madlib, c’est notre frère. Je suis fier que nous soyons les premiers à lui avoir tendu la perche en l’invitant sur notre premier album. Son frère, Oh No, est très fort lui aussi. Les gars de Lootpack font toujours partie du Likwit Crew, même si on ne se voit plus très souvent. Ils doivent s’occuper de leur carrière et nous de la nôtre, c’est bien normal...
Tu vas t’occuper de la production sur l’album DNA (Dogg Pound-N-Alkaholiks) ?
Ben... Avant il fallait d’abord qu’on sorte notre album, maintenant il y a les solos de Tash et de Kurupt, et après on pourra s’y mettre... Mais c’est un projet auquel on tient. C’est pas des paroles en l’air.
Kurupt défonce. T’as aussi bossé avec Keith Murray…
(Il soupire) Ah, mec... Les mecs de Def Jam l’ont traité avec mépris. Pour moi, Keith fait toujours partie des meilleurs... Quand l’industrie veut te bannir, tu te retrouves seul face à un mur d’hostilité, et c’est très difficile de faire entendre raison aux gens. Mais je suis sûr qu’il va trouver une solution : son talent finira bien par éclipser les embrouilles.

Off The Wall avec Keith Murray


Et Rass Kass ?
(Enthousiaste) Un grand rappeur ! Il revient d’une période difficile... Vous saviez qu’il a commencé comme danseur pour King Tee et moi ? C’était un des meilleurs...
Tu as bossé avec énormément de rappeurs talentueux. Qui t’as le plus impressionné ?
Honnêtement, je dirais J-Ro et Tash, mais ça, c’est évident... Sinon, je dirais X-Zibit : c’est le type le plus passionné et le plus consciencieux que j’ai jamais vu. Personne ne bosse plus dur que lui.
Tu as produit sur son premier album.Vous en êtes où ?
Ouais, c’est moi qui l’ait fait signé chez Loud. On s’est connu par un ami commun nommé Broadway. Il traînait tout le temps avec lui. On les a amené en tournée avec nous. A partir de là on a vraiment fait connaissance… C’est nous qui l’avons présenté au monde sur  Coast To Coast , notre deuxième album. Après il s’est connecté avec Doctor Dre, et là, son rap a pris toute sa dimension. On ne bosse plus ensemble mais on est toujours en bons termes. Chacun bosse sa carrière du mieux qu’il peut, c’est tout. Y’a pas d’embrouille.
Parle-nous un peu de Defari…
Defari a deux Maîtrises, mec ! C’est le plus intelligent que je connaisse : c’est là qu’il puise tous les mots compliqués qu’il kicke. Il n’enseigne plus maintenant qu’il est dans le rap à plein temps, mais avant il bossait dans un lycée, à Inglewood, je crois.
Les gamins savent qu’il rappe ?
Bien sûr ! Une fois, on était à la radio, et des gamins ont appelé :
« Bonjour Monsieur Johnson, ça va ? 
-Ah, c’est toi ! T’as fait tes devoirs ? » (Rires) Et après il freestylait sur les gamins... J’aurais aimé avoir un prof comme ça ! Je l’aurais écouté  (rires)

Vous vous occupez également des gosses en organisant des activités à South Central ?
Ouais. Les medias n’en parlent pas trop, mais on organise des concerts, des grandes parades et des bouffes pour Noël, ce genre de choses... On amène des dindes, des plats et des jouets pour les gosses. L’hiver dernier, on a fait livrer des tonnes de neige à South Central pour les fêtes, et on a ramené des attractions de Disneyland, Mickey Mouse et tout... On essaie de faire le maximum pour la communauté, on veut lui rendre tout ce qu’elle nous a apporté. Quand on peut le faire, on le fait. C’est pas un gimmick ou un truc promotionnel. C’est important que la communauté sache qu’on tient à elle. Il ne faut pas que les gens se sentent complètement abandonnés.

HipHop Drunkies
avec Odb


Extrait de Gasface 01. ITW été 05

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